J’ignore comment tout cela va finir c’est pas de l’entourloupe, puisqu’en effet, au travers de ces nouvelles macérées en fût de chêne cerclé de mélancolie et riveté d’amour, où la vie exhale ses notes amères et fruitées, où l’Écosse transpire par l’épaisseur d’atmosphères encombrées, eh bien l’on ne sait jamais à l’avance où Barry GRAHAM compte nous emmener.
Comme de courtes paraboles païennes offertes à nos regards sensibles, ces histoires ne sont que le quotidien, celui fait d’amour, d’espoirs, de désirs, de déceptions, de galères dans les sous-sols de Glasgow. Mais un quotidien transcendé le temps de quelques pages, un quotidien dont les jeux délicats et éphémères de clair-obscur sont ici fixés par une écriture qui prend le temps de la marche, zone à droite à gauche ; déambulation élémentaire de la vie qui ne sait jamais quel chemin elle va emprunter.
C’est beau, parce que c’est simple. C’est simple parce que Barry GRAHAM sait sans aucune fioriture percevoir et écrire les échardes qui écorchent ou piquent nos vies, ça vibre parce que l’auteur ne s’emballe jamais dans la mièvrerie mais qu’il se fait en revanche pleinement humain, sensible et qu’il ne détourne pas non plus le regard de la merde qui flotte tout autour.
Barry GRAHAM, J'ignore comment tout cela va finir, 2023, Tusitala, Trad. Tania Brimson