Intense, émouvant et nécéssaire, tels pourraient être les adjectifs pour désigner ce surtout superbement habité et engagé Souvenirs d’un futur radieux de José VIEIRA publié aux éditions Chandeigne.
Le documentariste, dont c’est le premier texte publié, y fait le récit de l’immigration familiale sous les années de dictature portugaise. Arrivé avec ses parents et frères et sœurs en 1965 en France, relégués immédiatement à la périphérie, les premières années se feront dans un bidonville à Massy qui rappellent ceux que l’on aperçoit encore aujourd’hui un peu partout.
Récit en quête de souvenirs, qui cherche à déterrer des images échappées de l’enfouissement, adressé autant au père qu’à la fille - lui entre les deux comme un maillon étrange entre passé et avenir, entre deux territoires auxquels il n’appartient pas complètement - la pensée de José VIEIRA se relie vite aux destinées migratoires contemporaines, et s’insurge contre la folie des frontières hérissées, contre celle des administrations qui nient et broient une humanité qui cherche simplement la vie.
Dans une langue révoltée et humble, l’auteur nous assoit à sa table pour réveiller une mémoire commune : celle des routes que nos familles ont un jour empruntées pour trouver un lieu où la vie pourrait continuer dans la paix et la sécurité. C’est l’histoire d’une famille, c’est l’histoire de notre pays, de l’Europe, c’est le rappel de chemins rendus tortueux, impossibles, par la xénophobie.
C’est l’histoire d’hier et d’un demain qui s’évertue à faire perdurer les mêmes sales habitudes de rejet.
Vibrant, élémentaire, attentif, des portugais et italiens fuyant le fascisme au XXème siècle aux Roms et tous autres réfugiés d’aujourd’hui fuyant la misère la guerre et l’insécurité, ce Souvenirs d’un futur radieux intime et militant ravive les braises de nos humanités oubliées.
José VIEIRA, Souvenirs d'un futur radieux, 2024, Chandeigne