"À L'OMBRE DE LA MORT" - Rudolfs BLAUMANIS

dessin :  ©Vija CELMINS

 

Merveille de concision et de densité écrite en 1899 par un auteur emblématique du « réveil culturel » de la Lettonie à l’orée du XXème siècle, À l’ombre de la mort  a véritablement tout des grands classiques.

 

À travers l’histoire d’un groupe de pêcheurs pris au piège sur un bloc de banquise à la dérive, BLAUMANIS embrasse avec intensité les thèmes qui ne cessent d’agiter nos humanités. Ainsi le fil fragile tendu entre la vie et la mort semble trouver ses points d’ancrage dans la capacité à faire communauté alors que l’espoir s’amenuise.

 

Que sommes-nous au fond, posés au bord du précipice, sans plus d’horizon que celui du gouffre béant de la disparition ?

L’auteur, en parcourant de sa plume réaliste et nuancée les relations qui se nouent ou se délitent entre ces hommes que le drame percute ainsi que les conflits existentiels qui s’emparent de chacun sous des formes bien différentes, touche au cœur de nos abîmes intérieurs. Dans l’immensité glacée du paysage, personnage suprême et ô combien supérieur par l’éternité de son temps, la vie humaine se révèle fébrile, rattachée à rien d’autre que le poids de nos sacrifices et à la sincérité de l’Amour.

 

Un livre dans lequel on entre  particulièrement, dérivant dans le froid noir aux côtés de ces hommes frappés par le destin.

Inoubliable.

 

Traduit du letton par Nicolas Auzanneau qui livre en prime une postface passionnante, le tout pour le compte des très excellentes éditions Do.

Mention spéciale au choix d’une œuvre de l’artiste lettone Vija CELMINS pour la couverture, ses mers immenses aux surfaces agitées dessinées à la mine de plomb accompagnant à la perfection l’âme en dégradé de gris de ce texte fabuleux.

 

 

 

Rudolfs BLAUMANIS, À l'Ombre de la mort, 2024, Do, trad. Nicolas Auzanneau